JEUX VIDEO

Les jeux vidéo

Laurent Bègue-Shankland – Chercheur en psychologie sociale, CNRS.

En préparation depuis plusieurs années, le futur Grand Theft Auto (GTA) VI apparaît comme l’un des jeux les plus attendus de l’Histoire.

Comment expliquer cet attrait pour une saga outrancière violent et amorale ?

Au-delà des jeux vidéo, la violence représente une composante clé du loisir populaire. Rien qu’au cinéma, sur 800 superproductions sorties ces 50 dernières années, 89 % contiennent de la violence, laquelle est en constante augmentation.

La majorité des jeux vidéo à succès en comportent tout autant de violence.

Au demeurant, la plupart des jeux vidéo à contenu agressif contiennent bien d’autres choses que des actes violents : la propension à tuer des gens n’est qu’un des aspects du jeu, pas forcément le plus important.

Selon des comptages systématiques, chez des joueurs expérimentés qui pratiquent un jeu de tir en vue subjective pendant 50 minutes, les actions violentes – par exemple, abattre quelqu’un avec une arme à feu – ne constituent que 15 % des événements et n’occupent que 7 % du temps total de jeu.

L’attrait pour les scènes violentes résulte probablement d’une recherche de stimulation. Les jeux vidéo violents activent en effet certaines émotions fortes et procurent un sentiment de maîtrise, souvent dans le cadre d’un collectif.

Une étude menée aux États-Unis montrait que lorsque l’option « sang » (qui permet de voir couler l’hémoglobine lorsque des ennemis sont abattus) était enclenchée durant le jeu Mortal Kombat, la pression sanguine du joueur augmentait – ce qui indique une intensification de l’éveil physiologique.

D’autres travaux ont montré que l’amygdale (une structure cérébrale impliquée dans le décodage des stimuli menaçants) est mobilisée lors de séquences virtuelles violentes.

Dans notre laboratoire, nous avons montré également une élévation du stress des joueurs mesurée au moyen de mesures cardiaques.

En bref, nous aimons être stimulés, au moins jusqu’à un certain point, tandis que l’atonie nous repousse. (Lettre du CNRS n° 101 décembre 2025)

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