» Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure. »Jules Supervielle.
Exposition :
Faits ou croyances …
Pourquoi les faits ne suffisent pas à convaincre les gens qu’ils ont tort.
Quand les faits sont contraires à leurs convictions, les gens semblent renforcer leurs croyances et les défendre avec acharnement même quand il y a des preuves accablantes contre elles ! Car leur vision du monde leur semble menacée.
– Les créationnistes contestent les preuves de l’évolution comme les fossiles ou la génétique parce qu’ils s’inquiètent que des forces séculières empiètent sur la foi religieuse.
– Les anti-vaccination se méfient des firmes pharmaceutiques et pensent que l’argent corrompt la médecine.
– Cela les amène par exemple à croire qu’il y a un relation de cause à effet entre les vaccins et l’autisme malgré la vérité gênante que la seule étude affirmant un tel lien a été rétractée et son auteur principal accusé de fraude.
– Les conspirationnistes du 11 septembre se concentrent sur des détails minutieux comme le point de fusion de l’acier dans les tours du World Trade Center, qui a causé leur effondrement, parce qu’ils pensent que le gouvernement américain ment et mène des opérations pour créer un nouvel ordre mondial.
– Les négationnistes du climat étudient les cernes de croissance des arbres, les carottes de glace et les concentrations de gaz à effet de serre parce qu’ ils sont passionnés par la liberté, en particulier celle des industries à mener leurs affaires sans être contraintes par des réglementations gouvernementales restrictives.
– Les obsédés de l’origine de Barack Obama ont désespérément disséqué son certificat de naissance en quête d’une fraude, car ils croyaient que le premier président afro-américain des Etats-Unis était un socialiste qui avait pour but de détruire le pays.
Les conceptions du monde profondes de ces partisans sont perçues comme étant menacées par les rationalistes, ce qui fait de ces derniers « l’ennemi à abattre ».
– Voici ce qui est arrivé à une secte vouant un culte aux ovnis après que le vaisseau-mère extraterrestre attendu n’est pas arrivé à l’heure annoncée. Au lieu d’admettre leur erreur, « les membres du groupe ont cherché frénétiquement à convaincre le monde de leurs croyances », et ils ont fait « une série de tentatives désespérées pour effacer cette dissonance entre leur croyance et la réalité en faisant de nouvelles prédictions après la prophétie initiale, dans l’espoir que l’une finirait par être la bonne ». Cet état de dissonance cognitive produit une tension inconfortable qui survient lorsque l’on considère deux idées contradictoires simultanément.
– Des milliers d’expériences (1) ont été réalisées démontrant comment les gens déforment et sélectionnent les faits pour les adapter à leurs croyances préexistantes. Deux individus ayant des positions proches peuvent rapidement diverger avec des opinions inverses, dès lors qu’ils se sont mis en tête de défendre une position. Chercher à corriger les erreurs factuelles liées aux croyances d’une personne n’est pas seulement inefficace, mais cela renforce ses croyances erronées, car « cela menace sa vision du monde ou l’idée qu’elle se fait d’elle-même » (2).
Que pouvons-nous faire pour convaincre les gens que leurs croyances sont erronées ? Et réduire les dissensions inutiles.
1. Mettre ses émotions de côté et montrer du respect.
2. Analyser la position de votre interlocuteur avec précision.
3. Reconnaître que vous comprenez pourquoi quelqu’un peut soutenir cette opinion.
4. Essayer de montrer comment changer de vision des faits n’implique pas nécessairement de »changer de vision du monde ».
Les erreurs des autres. L’autojustification, ses ressorts et ses méfaits, Carol Tavris et Elliot Aronson, psychologues sociaux – 2007 (1).
Quand la prophétie échoue, Leon Festinger, psychologue social et co-auteurs – 1956. Expériences, Brendan Nyhan, de Dartmouth College, et Jason Reifler, de l’Université d’Exeter, (2).
Pour la Science n°47 mai 2021.
1 panneau 60 x 80. informations et prêt : espacesciencesdesrias@orange.fr